Wednesday, December 10, 2008

La saison des fêtes.



Le décompte peut commencer… dans précisément une semaine à cette heure-
ci, je serai en train de franchir le pas de ma porte, dans le froid.
Un froid d'hiver, qui me rougira les joues jusqu'à les engourdir …
Mais pas assez pour m'empêcher de sourire.
Noël sous les palmiers, je sais que beaucoup en rêvent. La chaleur, la
plage, les noix de coco fraîches sur la plage… Le pied. Oui, mais pour
moi, ce n'est pas noël, ce n'est pas magique. Pour moi, la magie vient du fait
d'être réuni autour de ceux qu'on aime, dans un lieu que l'on peut
appeler chez soi, où tout le monde sera assis autour d'une même table
à boire manger et chanter. Ma grand-mère dansera sur 50 cent, ma
marraine et son mari danseront le rock, mon père fera sauter le
champagne, ma mère distribuera des petits-fours, ma soeur et sa marraine parleront de garçons, mon grand père, assis
sur le canapé s'occupera du chien pendant que les enfants essaieront
de deviner ce qu'il y a dans les paquets sous le sapin.
Il me tarde tant que le jour se lève ou je serai dans mon propre lit,
sentant le froid au-dehors filtrer en dessous de ma porte-fenêtre,
et où Jo et moi installerons le sapin ensemble, en écoutant des chants
de noël et en buvant du vin chaud fait maison.

Noël est vraiment une fête de famille et c'est pour ça qu'il était
important pour moi d'organiser un repas de famille pour Melje et
Divine, m'assurer qu'il y ait des cadeaux sous le sapin le 24.
Accompagnée de l'aide sociale, nous avons créé une petite table
improvisée de cartons ou j'ai installé du poulet rôti, du riz, des
gâteaux à n'en plus finir et une bouteille de bière pour Dexter, le
papa.
Divine a commencé l'école il y a deux semaines seulement, et déjà
j'observe une transformation radicale, elle danse, elle chante, elle
rit à n’en plus finir, s'accroche à mon cou et me donne un concert
de bruits d'animaux.
J'autorise les filles à ouvrir les cadeaux avec la permission du papa
et elles ouvrent très lentement et délicatement l'emballage. Je me
demande pourquoi mais l'aide sociale m'explique que c'est pour pouvoir
les re-emballer et les ré ouvrir le jour de noël. La journée a été
magnifique.
Divine cette fois ne pleure pas quand on lui dit que je rentre à la
maison parce qu'elle sait que je reviens en janvier.
Je suis en phase de préparation pour mon départ maintenant. Je ne
pense qu'à ça. Mes amis ont commencé à rentrer chez eux, eux aussi.
Alors en attendant mon tour, je lève les yeux sur chaque avion qui
survole notre résidence et souris.

Wednesday, November 26, 2008

Premières impressions-Re

Il y a quelques jours, j'ai supprime par erreur ce posting donc le revoila, tout corrige...



Ok, je vais prendre le temps de parler de cela un peu plus en profondeur, étant donné que c'est mon premier posting, je trouve ça plutôt à l'ordre du jour... les premières impressions sont toujours celles qui marquent. Un regard prétentieux, un sourire sincère, une coiffure loufoque, quelque soit la première chose que vous verrez chez une personne,ce sera celle qui vous marquera le plus. Ca vous paraît superficiel? Et bien moi aussi, quand on en parle superficiellement, mais derrière chaque image, chaque apparition, chaque couleur se cache quelque chose de plus réel. D'accord, on est marqués, mais ce n'est peut être pas toujours négatif. Par exemple, je suis au musée, je traîne un peu l'oeil ici et là... bof... rien de spécial, et là tout à coup à ma gauche, la peinture la plus hideuse que j'ai jamais vue! Les couleurs sont fades, les formes n'ont aucun sens, c'est morbide et ça pue la mort.
Je regarde le nom de l'artiste et c'est disons ... Van Gogh (Je prends un exemple fictif, bien sur j'invente tout de cette peinture). Je suis surprise, c'est pourtant un des artistes les plus appréciés et respectés de notre génération. Alors je m'attarde un peu dessus et je réfléchis. Plus tard j'y pense encore et décide de faire ma recherche. Et là, je me rends compte du message derrière la peinture. Cette peinture est en fait une traduction de l'émotion du peintre, qui après, dépressions et dépressions, morts de ses meilleurs amis à la guerre a été le témoin d'une scène terrible et a voulu exprimer la terreur et la laideur de cet instant.

C'est sur quoi l'art aujourd'hui et depuis toujours s'appuie fondamentalement: l'accrochage visuel. Il varie en force et en forme, mais c'est la première chose que nous autres artistes devons considérer lorsque nous créons une oeuvre. Et puis il y a les politiques du moment, la mode du jour, les thèmes qu'il faut absolument éviter, et ceux qu'il faut absolument aborder.
Dans ma lignée de travail, cela fait partie de toutes les choses auxquelles je dois penser lorsque je crée une robe ou choisis un ensemble pour un shooting. Qui a dit que la mode n'était pas un art. Bien sûr que c'est un art, celui de savoir et de comprendre ce qui va plaire, déplaire, choquer, inciter a la décadence, satisfaire les besoins visuels de l'audience, du public, des avides de mode, des critiques, des photographes, j'en passe et des meilleures.

Donc oui, la façon dont quelqu'un s'habille, se coiffe, parle, ça a une importance, mais pas parce que l'on va juger la personne pour ces choses là, parce que là, oui, les impressions sont toujours plus ou moins trompeuses. C'est important parce que cela nous dis quelque chose sur la personnalité de la personne, cela crée une ouverture vers l'âme et le coeur de cette personne, ce qui va nous amener à vouloir comprendre entièrement ce qui ce cache sous cette apparence. Il faut toujours se demander pourquoi est ce que telle ou telle chose se présente sous cette dite forme.
Le détail le plus banal pourrait cacher le plus intime des secrets.
Réfléchissez-y, prenez compte de vos premières impressions mais cherchez à comprendre ce qui a mené à cette présentation et aussi, pourquoi est ce que ça vous dérange vous et pas votre voisin.

Bon. Voila. Mon premier posting est prêt. Et votre première impression sur cet article est probablement : He Bah dis donc, et les accents? ----- :)
Là encore, il y a une raison. Je ne suis pas fainéante. Je travaille dans une boîte américaine et les claviers ne connaissent pas la douceur de nos accents français:)
Mais au fait, je ne me suis même pas présentée: Fiona, 22 ans, née a Lille, écrivain, photographe et actrice semi professionnelle, styliste à temps plein pour Bigfoot Entertainment, une maison de production internationale aux Philippines, et la grande soeur de 58 orphelins aux Philippines.

Fiona Cross Collection




Photo par Michalgarcia.com

Monday, November 24, 2008

Sequence emotion


J'ai passé le week-end idéal. Pour moi en tout cas.
Vendredi soir, J'ai réussi à finir un Scénario commencé la veille pour un court métrage que l’on tournera en Janvier. Samedi: Les répétitions de chants de noël avec l'orphelinat se sont super bien passés. Mon groupe est plutôt homogène bien que les filles restent ensemble et les garçons de leur côté, on a réussi à travailler un peu sur l'harmonie de leurs voix et je pense qu'on aura un résultat intéressant le 15 dec. J'ai bien sûr oublié quelques petites choses en ce qui concerne l'organisation de la journée comme leurs étiquettes avec leurs prénoms mais dans l'ensemble je me suis bien débrouillée =)
C'est l'après-midi que j'ai trouvé plus émouvant. Il faut tenir compte du fait que cela fait déjà deux jours maintenant donc je me suis remise :) mais donc voilà: Après 40 minutes de taxi, 30 minutes de bus où il n'y a pas de place assise et où mes boules de noël, encore dans leur emballage, n'arrêtent pas d'assommer la pauvre grand- mère devant moi, et 10 minutes de habo-habo ( Moto à laquelle est attachée un petit chariot avec 6 sièges) on arrive enfin dans leur petit village près de la mer. Je suis contente car Timm, mon ancien chef, est venu avec nous ce jour-là pour me montrer un moyen plus long mais beaucoup plus économique pour aller là-bas. En tout j'ai bien dû payer 640 pesos divisé par 3 personnes, alors qu'avant en taxi je payais 1000 pesos (environ 15euros). Je sais c'est pas très cher mais ça l'est quand on prend en considération les salaires ici. Enfin bref, pour une fois, les filles ne sont pas au pied de la porte à nous attendre. Je sens l'énervement monter en moi, comme si c'était noël, où comme quand j'étais petite et que les cousines venaient passer le week-end à la maison et que je passais l'heure avant leur arrivée à la fenêtre de la chambre de ma soeur Jo qui donne sur la rue.
Devine et Melje nous repèrent au loin, alors qu'elles jouent avec des amis.
De suites elles accourent et s'accrochent à mes bras. L'intérieur de la maison est petit mais aussi entièrement vide. Melje fait l'hôte et se dépêche de trouver des chaises en plastique et un petit banc en bois sur lesquels nous asseoir.
L'aide social appelle Dexter, leur papa, pour qu'il nous rejoigne.
Je voulais vraiment que ce soit lui et ses filles qui mettent le sapin ensemble comme une vraie famille, alors en l'attendant je donne aux filles les divers dons que j'ai reçus pendant la semaine. Une paire de chaussures pour Devine qui est ravie car elle va pouvoir les mettre pour son premier jour d'école le surlendemain, quelques robes pour Melje, et une dizaine de burgers qu'il restait du repas le matin à l'orphelinat. Bien sûr, on a tout partagé, le bouche à oreille a vite fait le tour du quartier et bientôt tous les enfants étaient dans la maison pour réclamer leur part de burger. J’en ai eu juste assez.
Devine a pris 40 minutes pour manger le sien. Elle mange au ralenti de toute façon mais là, je pense qu'elle avait vraiment faim.
Elle avait, sans raison apparente, réussi à avoir deux boissons, et avait refusé de finir l'une avant l'autre, prenant une gorgée de l'une puis une gorgée de l'autre durant toute la durée de notre visite. SI bien qu'au moment de décorer le sapin elle était encore trop occupée à manger et boire et a préféré regarder son papa et melje accrocher les boules multicolores.
Dexter, le père, avait l'air un peu honteux, j'imagine que c'est le reste de fierté qu'il restait en lui de se rendre compte qu'il ne pouvait pas subvenir aux besoins de ses propres filles. En parlant avec lui j'ai appris qu'il gagnait 400 pesos pour deux jours de travail, par bon jour de travail ( il conduit une version vélo du Habo-habo dont je parlais tout à l'heure. cela revient à 7 euros soit 3.50 euros par jour) Le niveau de vie a beau de ne pas être élevé ici, ce n'est certainement pas un salaire convenable pour un père de famille. La bonne nouvelle c'est que l'argent que j'ai collecté va sûrement couvrir les frais de scolarisation pour les deux petites pour un an.
Le soir, ayant besoin de remontant, Sallym qui m'a beaucoup aidée depuis son arrivée, m’a emmenée dans un restaurant sur la mer, sur pilotis où l'on a bu un cocktail et papoté.
Dexter m’a envoyé un texto ce soir-là qui nous a toutes les deux touchées. Je vais l'écrire ici et le laisser en anglais pour qu'il conserve sa valeur : good pm. mis fiona..I'm Dexter father of Divine..thank you very much at this chrismas tre mis fiona..God Bless you w/your family :).

Quand je passe ne serait ce que quelques heures là-bas, je sais que j'ai fait le bon choix de revenir ici.
Le travail peut être stressant par fois mais j'ai toujours ces journées là sur lesquelles revenir.
J'ai passé le lendemain à la plage avec quelques amis à boire des noix de coco fraîches ( buko juice) et me baigner, regarder le coucher de soleil, me baigner, nous réchauffer avec un Irish coffee et encore quelques discussions à cœur ouvert avec des amies.


Le soir, en rentrant, Maman m’a envoyé une photo du jardin enneigé. Ca m’a rendue un peu nostalgique et je suis impatiente de rentrer et passer du temps avec ma famille, mais en attendant, j'ai l'impression que j'ai réussi à ressouder une autre famille qui aurait pu être vouée au déchirement, et ça me donne le courage et la certitude qu'une bonne étoile me guide tous les jours, à chaque pas en avant. Je sais que ce qui m’attend est encore imprévisible, mais je regarde vers ce futur avec espoir et espérance. A vous de comprendre la nuance :)

Thursday, November 20, 2008

Un Noel en avance: les preparatifs




Dans moins d'un mois, un mois et quatre jours, pour être précise, la plupart d'entre nous seront en famille pour célébrer les fêtes de noël et de fin d'année.
Mais beaucoup d'autres seront aussi seuls et l'humeur ne sera probablement pas à la fête. Je pense notamment aux orphelins avec lesquels je travaille ici en collaboration avec Bigfoot Foundation.
Un de mes meilleurs souvenirs d'enfance quand je pense a noël, c'est de me rappeler des concerts de Noël où j'allais voir mon père et ses amis jouer. On y allait toujours à plusieurs, avec mon parrain, ses enfants, mon amie d'enfance... L'ambiance était super, les paroles des chants de noël étaient toujours affichées pour que nous puissions chanter avec eux. Je pense que c'est de la que viens ma passion pour les chants de noël, et tout ceux qui me connaissent ne serait-ce qu'un peu vous le diront, je commence à chanter des chants de noël à partir du mois d'août. :)
C'est pour cela que j'ai voulu partager cette expérience avec les enfants avec lesquels je travaille ici. Ils n'ont certes pas de parents à aller voir chanter, ou qui vont leur tenir la main et chanter avec eux le soir de noël mais ils sont là l'un pour l'autre et il n'y a aucune raison pour qu'ensemble on ne fasse pas notre propre petit concert de noël.
Nous commencerons les répétitions demain matin, de bonne heure et de bonne humeur à 9h.
J'ai déjà fait le nécessaire pour réserver 4 vans qui transporteront les enfants jusqu'ici où ils seront répartis dans 4 classes pour réviser leurs chants: We wish you a merry christmas, Jingle bells et All I want for xmas is my two front teeth pour les plus jeunes, Christmas in our hearts, Oh christmas tree et Rudolf le renne au nez rouge pour les 10-13 ans et douce nuit, oh come all ye faithful et away in a manger pour les plus grands, groupe dont je suis responsable.
Là je suis au bureau et j'essaie de recenser des volontaires, et ce n'est franchement pas facile. J'entends tout le monde dire, c'est formidable ce que tu fais, j'aimerais tant pouvoir aider, dis moi si je peux t'aider avec quoi que ce soit mais en vérité, si je leur demande de nous rejoindre pour des activités, ils ont toujours une excuse plus ou moins minable.
Mais bon, à chacun ses priorités j'imagine. Je voudrais juste vraiment remercier les volontaires qui me soutiennent depuis le début, et ceux qui on dû abandonner pour des raisons familiales ou obligations professionnelles et qui continuent à nous soutenir moralement.
Apres les répétitions, J'irai chez Melje et Devine, les deux petites que je sponsorise pour leurs études. Je leur ai acheté un sapin de noël et des décorations. J'ai aussi réussi à collecter quelques donations en vêtements pour elles. Je discuterai avec l'assistante sociale et leur père des solutions qui lui sont proposées pour l'aider a élever ses filles. Il n'a que 23 ans. Melje en a 8, Devine en a 4 et ne va pas encore à l'école, bien qu'elle soit en age d’y aller.
Je ferais mieux de retourner à mon travail de recrutement,
Update et photos demain, après la journée déco de noël.